Pour ce troisième épisode, c’est dans l’Oise que nous nous sommes donné rendez-vous, plus précisément chez l’incubateur iTerra. Elle a travaillé avec l’entreprise TchaoMegot, labellisée Greentech Innovation en 2022.
TchaoMegot
Pouvez-vous nous présenter TchaoMegot ?
TchaoMegot collecte, dépollue et recycle les mégots de cigarette en isolant éco-conçu. Nous réutilisons 99.7% de la fibre du mégot, pour en créer une nouvelle matière première propre qui servira à l’isolation des bâtiments, mais aussi de textile pour des doudounes. Pour cela, nous mettons en place des bornes de collectes sensibilisatrices et communicantes dans les entreprises et collectivités, afin d’y récupérer les mégots.
Parlez-nous de notre solution innovante
Nous avons mis au point le premier procédé au monde innovant capable de dépolluer le filtre du mégot de cigarette. Ce process se fait sans eau ni solvant toxique, grâce à un solvant neutre. Celui-ci élimine les substances toxiques pour produire une matière propre, dépolluée et sans odeur.
Nous recyclons cette fibre en vrac ou en plaques plus ou moins épaisses pour la réutiliser dans l’isolation des bâtiments ou la confection de doudounes. Cette matière est certifiée pour être remise sur le marché en toute sécurité.
Comment iTerra vous a aidé dans le développement de votre start-up ?
iTerra nous a aidé à développer notre solution à nos tous débuts. Ils nous ont permis de trouver des subventions et des aides afin de concrétiser notre projet. Ils ont été véritable facilitateur dans notre développement et implantation sur le territoire.
Que vous a apporté la dénomination « Greentech innovation » dans votre développement ?
Le label Greentech Innovation nous apporte au quotidien une certification et une reconnaissance de l’état aux yeux des entreprises et collectivités. Il rassure nos clients, leur certifie que notre solution est vertueuse, viable et qu’elle respecte une économie circulaire.
Quels défis a rencontré TchaoMegot dans son développement ? Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Le premier défi auquel nous avons fait face était un défi technologique majeur : celui de dépolluer les mégots de cigarette sans utiliser d’eau ni de solvants toxiques. Développer un procédé à la fois efficace et respectueux de l’environnement a nécessité beaucoup de recherche et de développement.
Ce procédé a pris du temps à être optimisé mais a également coûté beaucoup d’argent afin d’obtenir les certifications nécessaires pour prouver son efficacité.
Un autre défi constant est de convaincre les consommateurs et les entreprises de la fiabilité de notre procédé. C’est une innovation très récente sur le marché (2020), et nous faisons face à quelques concurrents utilisant différentes méthodes de recyclage. Nous nous devons donc d’être les plus explicites et convaincants quant à notre solution.
Quelle typologie de clients adressez-vous ?
Nos solutions s’adressent à tous mais particulièrement aux entreprises et collectivités (acteurs publics et privés). Nous avons également mis en place des solutions pour les particuliers avec des sacs de collecte de 5L.
Quel est le contrat “Success Story” dont vous êtes les plus fiers ?
Nous sommes fiers de tous nos partenaires qui s’engagent dans une démarche de recyclage des mégots afin de protéger notre environnement.
Néanmoins, nous avons récemment installé 20 de nos cendriers à la Présidence de la République : Elysée et Palais de l’Alma, en février 2024. C’est une véritable reconnaissance de notre projet, et l’une des meilleures récompenses pour nous. Ce partenariat renforce notre mission et nous inspire à continuer de développer des solutions innovantes pour un avenir plus propre. Cette action est un tremplin et une forte crédibilisation pour notre activité vertueuse.
Nous sommes également très fiers de toutes les entreprises et collectivités qui se sont engagées dans cette action. Nous pensions particulièrement à : Levallois-Perret, Nogent-sur-Scène, Nhood, CHU de Reims, Béthune, La Poste … et bien d’autres encore.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir été reconnu par le classement Forbes under 30 France ?
Cette reconnaissance est une validation de l’importance de notre mission. Elle souligne l’impact environnemental et social positif de notre travail. Figurer dans le classement Forbes Under 30 donne à notre entreprise une visibilité exceptionnelle et renforce notre crédibilité auprès de partenaires potentiels, investisseurs, clients. La reconnaissance de Julien en tant que leader émergent permet d’inspirer non seulement notre équipe mais aussi d’autres jeunes entrepreneurs et innovateurs à poursuivre des initiatives écologiques et durables. Cette distinction ouvre des portes à de nouvelles opportunités de collaboration, de financement et de croissance. Elle nous permet d’élargir notre réseau et d’accéder à des ressources qui peuvent accélérer notre développement.
Quels sont vos prochains objectifs de développement ?
Nous venons de finaliser une levée de fonds à hauteur de 3,6 millions d’€. Celle-ci va nous permettre de passer à l’échelle industrielle et d’investir dans une plus grande machine de dépollution, passant de 10 tonnes de mégots traités par an à 300 tonnes. Le but étant d’également d’agrandir l’équipe en passant de 26 à 50 personnes d’ici la fin de l’année.
Notre objectif à terme est d’implanter notre site industriel sur toutes les régions de France afin de réduire les coûts de transports et notre impact carbone. Notre idéal serait d’équiper un maximum d’entreprises et de collectivités de nos solutions !
Nous souhaitons exporter notre solution à l’Europe ainsi qu’à l’international dans un avenir plus ou moins proche.
iTerra
Agathe Vuillemenot, directrice de l’incubateur iTerra répond à toutes nos questions :
Pourquoi avez-vous choisi d’accompagner TchaoMegot ?
Lorsque ce jeune homme enthousiaste est entré dans nos bureaux, son projet de recyclage de mégots était encore au stade exploratoire, mais sa volonté d’entreprendre était palpable et contagieuse. Nous nous sommes dit que, quoi qu’il fasse, il serait entrepreneur. C’était dans l’ADN de Julien Paque ; il ne pouvait échapper à son destin. Nous avons cru dans l’homme avant de croire dans le projet.
Comment avez-vous accompagné TchaoMegot ? Quel rôle avez-vous joué dans son développement ?
Nous avons d’abord accompagné Julien en phase d’incubation, avant même la création de la personnalité morale. La première étape consistait à trouver des financements pour réaliser des analyses et lever un important verrou technologique : prouver que son procédé pouvait dépolluer des mégots de cigarettes sans utiliser d’eau. C’est une vraie innovation de rupture.
Quels défis y a-t-il eu dans l’accompagnement de TchaoMegot ? Quels défis sont associés à son secteur d’activité ? Quelles opportunités avez-vous identifiées ?
Un des défis majeurs était d’innover pour créer une structure industrielle. À l’époque, les investisseurs préféraient les projets basés sur le développement d’applications, moins coûteux que les projets industriels. Le secteur est également influencé par des lobbys puissants, comme ceux des cigarettiers. Cependant, l’opportunité pour TchaoMegot est venue avec la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) en cours de rédaction dans son secteur, et une prise de conscience croissante du problème des mégots.
Comment travaillez-vous avec les start-ups pour les aider à définir leur modèle économique et à valider leur proposition de valeur ?
Nous offrons des programmes de formation et des accompagnements individuels. Nous challengeons les hypothèses des porteurs de projet avec bienveillance mais sans complaisance. Le porteur de projet reste maître de son projet : nous proposons, nous suggérons mais nous n’imposons rien.
Comment facilitez-vous le réseautage et les opportunités de collaboration entre les start-ups de votre incubateur ?
Nous favorisons naturellement les mises en relation en utilisant notre vaste réseau. Iterra est au centre d’un réseau d’acteurs de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Nous avons les coordonnées directes de nos interlocuteurs et nous ne sommes jamais à plus de deux poignées de main de la personne recherchée. Julien et TchaoMegot ont bénéficié de cet écosystème. Nous avons créé une communauté pour les bénéficiaires d’iTerra, les Iterriens, avec un groupe Whatsapp très actif où aucune question ne reste sans réponse.
Comment mesurez-vous l’impact de votre accompagnement sur les start-ups, que ce soit en termes de croissance, de financement ou d’autres résultats clés ?
Notre première mesure est la production d’un business model ambitieux, rémunérateur et durable, permettant de se projeter sur la création de l’entreprise à la fin de la période d’incubation.
Ensuite, nous suivons annuellement les levées de fonds et les indicateurs financiers clés. Nous évaluons également la satisfaction ainsi que la santé morale et physique du porteur de projet. Le chef d’entreprise étant la colonne vertébrale du projet, sa défaillance pourrait compromettre le succès de l’entreprise. Le plaisir doit rester le moteur, et l’accomplissement doit être l’objectif principal de cette aventure. Créer une start-up innovante implique de monter dans un véritable ascenseur émotionnel, et il est crucial de bien se connaître pour anticiper les inévitables turbulences.
Comment évaluez-vous le potentiel de croissance et d’impact d’une start-up lors du processus de sélection ?
Évaluer le potentiel de croissance au début d’un projet est très difficile. Cependant, certaines personnalités hors norme montrent dès le départ qu’elles seront entrepreneurs. Une start-up à fort potentiel combine un porteur de projet engagé avec une solution à un problème non résolu, attendue par un marché solvable. Enfin, la solution doit être durable et prendre en compte les impacts environnementaux.