Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Maïwenn Mollet, la Directrice du projet “Les Couches Fertiles” chez Les Alchimistes.
Les Alchimistes est une société ESUS (Entreprise Solidaire d’ Utilité Sociale) crée, il y a presque 4 ans. Notre métier est de collecter et composter les déchets alimentaires en milieu urbain.
- Nous collectons tous types de déchets alimentaires auprès de nos clients (restaurants, écoles, supermarchés, restaurants d’entreprise, hôpitaux, …)
- Nous produisons du compost normé qui est vendu aux acteurs d’agriculture urbaine ou aux citadins en épicerie ou en supermarché. Nous permettons ainsi le retour au sol des matières organiques et participons à la création de sols fertiles et vivants en ville.
Nous travaillons également sur un projet innovant de compostage de couches-bébé. Aujourd’hui, en France on incinère et on enfouit 3.5 milliards de couches-bébé par an. Comme ce déchet est particulièrement riche en matière organique, chez Les Alchimistes, nous cherchons à créer une filière de collecte séparée et de compostage de couches-bébé.
Depuis 4 ans, nous avançons sur les étapes préliminaires à la création de cette filière et nous encourageons les fabricants de couches a développer des couches éco-conçues et 100% compostables. Pour le moment, nous expérimentons la collecte et le compostage à échelle micro-industrielle avec des crèches partenaires. En 2022, nous ciblons le passage à l’échelle industrielle.
Pouvez-vous présenter, à ceux qui ne vous connaissent pas, en quoi votre offre de service s’inscrit-elle directement dans les politiques publiques du Ministère ?
Notre offre de service s’inscrit bien dans les politique publiques du Ministère, car elle permet de contribuer à l’atteinte des objectifs nationaux et européens en terme de valorisation de déchets. De plus, une REP (Responsabilité Elargie du Producteur) pour les textiles sanitaires jetables a été votée dans le cadre de la loi économie circulaire en début d’année (pour application en 2024). De nouvelles solutions de valorisation doivent donc absolument émerger pour enfin offrir une meilleure fin de vie aux couches-bébés !
Quelles ont été vos récents succès dans la mise en place de votre projet ?
Au cours de l’année passée, nous avons expérimenté la collecte et le compostage de couches usagées avec des crèches partenaires. Nous avons aussi monté en amont un consortium de recherche avec l’ADEME et des partenaires pour répondre aux grandes questions techniques, sanitaires et environnementales qui se posent autour du compostage de couches. Nos travaux confirment que la couche est bel et bien un déchet qui peut être transformé en compost, mais ils confirment aussi que pour obtenir un compost de qualité, il faut avoir accès à des couches écoconçues et compostables. La bonne nouvelle, c’est que ça avance bien côté fabricants de couches ! Le rêve de départ devient réalité. Notre partenaire historique, Celluloses de Brocéliande (unité de production du groupe Agromousquetaires), a produit cette année de premiers prototypes de couches compostables, qui sont déjà testés en crèche. Nous pensons que le marché des couches-bébé va se transformer dans les années qui viennent et que le marché des couches compostables pourrait représenter 30% du marché d’ici 2030.
Quelles sont les prochains défis auxquels votre start-up/PME risque de faire face ?
La naissance de la filière de compostage de couche est inter-dépendante de la mise sur le marché de couches compostables. Nous nous lançons donc actuellement dans une nouvelle phase du projet pour épauler les fabricants de couches dans l’évaluation finale de la compostabilité de leurs modèles de couches. Nous ouvrons ainsi un nouveau lieu de compostage à Pantin d’ici la fin de l’année 2020. Nous y composterons différents modèles de couches utilisées et collectées localement dans un rayon de 2km. Cette vitrine à ciel ouvert de la nouvelle boucle d’économie circulaire que nous souhaitons mettre en place, devrait aussi nous aider à faire évoluer le cadre réglementaire dans lequel nous pourrons demain vendre du compost issu de couches compostables. En effet, il existe encore actuellement un certain flou sur le statut du compost issu d’objets compostables (qui seront demain de plus en plus nombreux sur le marché) et sur la possibilité de le faire sortir de son statut de déchet afin de le vendre, comme dans toute boucle d’économie circulaire.
Comment vous êtes vous adaptés à la crise économique et sanitaire actuelle ?
Cette crise bouscule, certes, notre trajectoire de croissance, mais elle nous pousse aussi à nous challenger sur nos priorités. Pendant le confinement, notre activité de collecte de déchets alimentaires en restaurant a subi un gros coup d’arrêt. Mais, nous en avons profité pour accélérer sur d’autres projets : collecte des déchets alimentaires des ménages, accompagnement des collectivités, accélération sur les secteurs les moins touchés par la crise (santé, GMS, écoles,…). Pour notre activité de compostage de couche-bébé, nous avons été contraints de stopper les collectes pendant la période de fermeture des crèches.
Mais cette fois ci, les crèches restent ouvertes, donc nous poursuivons notre projet comme prévu !